Lors de sa dernière réunion, Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base, le faisant passer de 2,5 % à 2,25 %. Cette décision intervient dans un contexte où l’économie marocaine fait face à plusieurs défis, notamment une croissance économique modérée, une inflation persistante et des préoccupations liées à l’emploi.
Croissance économique :
Selon les projections de BAM, la croissance de l’économie nationale s’est établie à 3,2 % en 2024 et devrait s’accélérer progressivement pour atteindre 3,9 % en 2025 et 4,2 % en 2026. Cette progression repose sur une stabilité à moyen terme de la croissance non agricole, estimée autour de 4,2 %, tirée principalement par les secteurs des services et de l’industrie.
Malgré une baisse des prix des matières premières et énergétiques sur le plan international, l’inflation au Maroc demeure élevée. Cette situation est attribuée à une transmission des hausses des prix importés vers les produits locaux, exacerbée par la sécheresse qui a marqué la saison agricole 2021-2022. En conséquence, BAM a révisé à la hausse ses prévisions d’inflation pour 2022, passant de 1 % à 6,3 %, et pour 2023, de 0,4 % à 2,4 %.
Le marché de l’emploi reste préoccupant, avec un taux de chômage qui s’est aggravé pour atteindre 13,5 %. Cette situation est en partie due à une dégradation du pouvoir d’achat et à une augmentation des prix des produits alimentaires et des biens durables de l’ordre de 11 %. Selon l’économiste Abdelghani Youmni, la réponse à ces défis ne réside pas uniquement dans la politique monétaire, mais nécessite également des mesures budgétaires ciblées pour inverser la tendance inflationniste et soutenir l’économie.
Justification de la baisse du taux directeur :
La réduction du taux directeur par BAM vise à soutenir la croissance économique en facilitant l’accès au crédit pour les entreprises et les ménages. Cependant, cette mesure doit être accompagnée de politiques budgétaires appropriées pour être pleinement efficace. Comme le souligne l’économiste Abdelghani Youmni, une baisse excessive du taux directeur pourrait entraîner une dépréciation du dirham face aux principales devises, aggravant le déficit de la balance commerciale et de la dette extérieure. Il est donc essentiel de trouver un équilibre entre soutien à la croissance et stabilité macroéconomique.
La décision de BAM de baisser le taux directeur reflète une volonté de stimuler l’économie face à des défis persistants en matière de croissance, d’inflation et d’emploi. Néanmoins, pour assurer une reprise durable, cette initiative monétaire doit être complétée par des réformes structurelles et des politiques budgétaires adaptées.