L’Aïd de tous les dangers Entre tradition et crise, l’épreuve du sacrifice

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À quelques semaines de l’Aïd Al Adha, moment crucial pour des milliers d’éleveurs à travers le Royaume, le gouvernement marocain a enfin levé le voile sur un plan de soutien attendu avec impatience. Trois mois après l’appel historique du roi Mohammed VI, invitant les citoyens à renoncer exceptionnellement au sacrifice en raison des difficultés économiques, les autorités tentent de répondre à l’ampleur d’une crise qui mine le secteur de l’élevage.

 

Si l’intention est là, les modalités concrètes restent à préciser. Le plan, présenté comme une « mesure d’urgence » pour soulager les éleveurs en grande détresse, s’articulerait autour de subventions ciblées, de facilités d’accès à l’alimentation animale et de mécanismes de soutien logistique. Cependant, sur le terrain, les professionnels peinent encore à entrevoir les contours réels de cette intervention gouvernementale.

 

Depuis plus de deux ans, les éleveurs marocains font face à une série de coups durs : sécheresse persistante, hausse vertigineuse des prix des aliments pour bétail, chute du pouvoir d’achat des ménages et flambée des coûts de transport. Le cumul de ces facteurs a mis à genoux une filière ovine déjà peu structurée, et a fait exploser les coûts de production.

 

Pour beaucoup d’éleveurs, l’Aïd Al Adha représentait jusque-là une bouffée d’oxygène économique. En 2024, le marché avait déjà été marqué par une baisse de la demande et une montée en flèche des prix. Cette année, l’incertitude est encore plus palpable. Si une partie de la population décide effectivement de suivre l’appel royal, la demande pourrait chuter drastiquement, mettant à mal toute la chaîne de valeur.

 

Pour l’heure, aucun montant global n’a été officiellement annoncé, et les critères d’éligibilité à ces aides restent flous. Les organisations professionnelles, bien qu’impliquées dans les discussions avec le ministère de l’Agriculture, réclament plus de clarté et surtout des mesures rapides et tangibles.

 

« Ce n’est pas seulement une question de subventions ponctuelles, mais d’un véritable plan de sauvetage de la filière », alerte un représentant d’une association d’éleveurs de la région de Béni Mellal. « Sans actions concrètes dans les jours qui viennent, nous risquons d’assister à une véritable hémorragie de l’élevage ovin au Maroc. »

 

Ce contexte tendu survient à un moment où la souveraineté alimentaire est redevenue un enjeu stratégique. Le Maroc, engagé depuis des années dans des plans successifs de modernisation agricole, se retrouve face à une équation délicate : préserver une tradition religieuse profondément ancrée tout en évitant une catastrophe économique et sociale.

 

L’Aïd Al Adha 2025 fera donc office de test. Le plan de soutien du gouvernement sera scruté à la loupe. Son efficacité, sa rapidité d’exécution et sa capacité à répondre aux besoins réels des éleveurs détermineront non seulement l’avenir de cette saison sacrée, mais aussi la confiance des acteurs du secteur envers les politiques publiques agricoles.

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