Le tunnel sous le détroit de Gibraltar, projet ambitieux longtemps discuté sans être concrétisé, refait surface avec un regain d’intérêt. En mars dernier, le ministre espagnol Óscar Puente a relancé le débat en soulignant l’importance stratégique de cette infrastructure pour l’Espagne, projet qui est aussi porté par le Maroc. En visant à connecter les continents européen et africain, le tunnel promet de renforcer les échanges économiques, culturels et humains entre les deux rives de la Méditerranée.
Depuis quatre décennies, ce projet est au centre de discussions entre le Maroc et l’Espagne, avec des accords et des études préliminaires ayant marqué son évolution. Actuellement, des études de faisabilité avancées sont menées par les équipes espagnoles et marocaines. L’enjeu est grand : le détroit de Gibraltar, avec des profondeurs atteignant 900 mètres et des courants puissants, est un obstacle technique redoutable. Cependant, la voie dite « seuil de Camarinal », où la profondeur ne dépasse pas 300 mètres, est maintenant privilégiée, offrant des conditions plus réalisables pour la construction d’un tunnel sous-marin.
Détails Techniques du Projet
Le tunnel reliera Tarifa, en Espagne, à Tanger, au Maroc, sur une longueur totale d’environ 42 kilomètres, répartis ainsi :
– Segment sous-marin : 27,7 kilomètres sous la mer.
– Segment terrestre : 11 kilomètres entre Punta Paloma (Tarifa) et Punta Malabata (Tanger).
La conception de l’infrastructure prévoit trois tunnels parallèles :
1. Deux tunnels principaux pour le transport ferroviaire, permettant la circulation de trains à grande vitesse et de trains de fret.
2. Un tunnel central, destiné aux services et à la maintenance, pour garantir la sécurité et la rapidité des interventions.
Chaque tunnel aura un diamètre de 7,9 mètres et sera connecté par un couloir de services de 6 mètres de large. Afin d’assurer des normes de sécurité maximales, des passages transversaux seront placés tous les 340 mètres et des zones de sécurité tous les 100 mètres, permettant une gestion efficace en cas d’urgence.
Ce projet pourrait transformer la mobilité entre les deux continents en réduisant considérablement le temps de transport. En moins de 30 minutes, les trains transportant des passagers et des marchandises pourraient relier les deux côtes. En outre, des « lanzaderas » spécialement conçues permettraient aux véhicules (voitures, caravanes, camions) de traverser facilement. Le tunnel vise également à renforcer les réseaux ferroviaires en connectant des métropoles telles que Paris, Madrid, Rabat et Casablanca, facilitant ainsi des échanges commerciaux de grande envergure.
Les Enjeux et Défis Restants
Malgré les promesses qu’il porte, le projet reste à un stade préliminaire. Des défis techniques, de financement et environnementaux demeurent. Cependant, les perspectives sont énormes : le tunnel pourrait devenir un des projets d’infrastructure les plus emblématiques du XXIᵉ siècle. En offrant un lien fixe entre l’Europe et l’Afrique, il symbolise un rapprochement stratégique entre les continents, promettant de nouvelles opportunités économiques et humaines.
Fiche Technique du Projet
– Longueur totale : 42 kilomètres.
– Segments :
– Sous-marin : 27,7 kilomètres.
– Terrestre : 11 kilomètres.
– Profondeur maximale : 300 mètres.
– Pente maximale : 3 %.
– Structure :
– Trois tunnels (deux pour le ferroviaire, un pour la maintenance).
– Dimensions :
– Diamètre de chaque tunnel : 7,9 mètres.
– Galerie de services : 6 mètres de large.
– Sécurité :
– Passages transversaux tous les 340 mètres.
– Zones de sécurité tous les 100 mètres.
– Temps de traversée estimé : moins de 30 minutes.
En somme, le tunnel sous le détroit de Gibraltar pourrait devenir un symbole de coopération internationale et d’intégration régionale, rapprochant l’Europe de l’Afrique d’une manière sans précédent.