Depuis plusieurs mois, le prix des œufs au Maroc connaît une flambée notable, atteignant parfois 1,70 dirham l’unité sur le marché de détail. Cette augmentation, qui pèse sur le budget des consommateurs, soulève des questions sur ses causes profondes et les solutions envisageables.
La production nationale d’œufs a connu une diminution significative, passant de 24 millions d’unités par jour il y a trois ans à environ 17 millions en 2024. Cette baisse est directement liée à la crise traversée par les producteurs durant la période de la pandémie de Covid-19. Nombre d’entre eux ont subi des pertes considérables, les forçant à réduire leur production ou à fermer leurs exploitations.
Bien que la grippe aviaire n’ait pas encore été officiellement identifiée comme une cause majeure de la hausse des prix des œufs au Maroc, elle a eu un impact sur d’autres marchés internationaux. Certaines épidémies en Europe et en Amérique ont entraîné une baisse de la production et une augmentation des coûts, influençant indirectement les prix des importations et des intrants nécessaires à l’élevage avicole marocain.
Le secteur avicole au Maroc repose en grande partie sur des intrants importés, notamment les céréales et le soja, qui constituent l’essentiel de l’alimentation des volailles. Or, les prix de ces matières premières ont augmenté sur le marché international en raison de divers facteurs : crise climatique, tensions géopolitiques et hausse des coûts du transport maritime. Cette situation impacte directement le coût de production des œufs.
La demande en œufs suit une tendance saisonnière, avec des pics de consommation en périodes festives, notamment à l’approche du mois de Ramadan. Cette hausse de la demande exerce une pression supplémentaire sur l’offre, accentuant la flambée des prix.
Pour stabiliser ou réduire le prix des œufs durant le Ramadan, plusieurs mesures peuvent être mises en place :
- Soutenir les producteurs locaux : Fournir des subventions ou des aides financières aux éleveurs pour relancer la production. Réduire les taxes sur les intrants essentiels comme l’alimentation des volailles.
- Réguler les importations et le marché : Assurer un approvisionnement stable en matières premières pour éviter la flambée des coûts de production. Mettre en place des contrôles des prix pour éviter la spéculation et les hausses abusives.
- Encourager l’achat en gros et la distribution équitable : Stimuler les coopératives et les achats en gros pour réduire les coûts pour les commerçants et consommateurs. Développer des circuits de distribution courts pour limiter les intermédiaires qui augmentent les prix.
- Sensibiliser les consommateurs : Promouvoir une consommation responsable pour éviter les pénuries et les pics de demande excessifs. Informer sur les alternatives alimentaires si les prix restent élevés.
La flambée des prix des œufs au Maroc résulte d’un ensemble de facteurs structurels et conjoncturels. Une approche holistique impliquant producteurs, gouvernement et acteurs du marché pourrait permettre d’assurer une stabilité à long terme et d’atténuer l’impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs. La question reste de savoir si les décideurs mettront en place des mesures efficaces avant que la situation ne devienne encore plus critique.