La Chambre criminelle de première instance de la Cour d’appel de Casablanca a rendu son verdict dans une affaire retentissante de fraude immobilière. Impliquant plusieurs accusés, dont A.
Boudrika, frère de l’ancien président du Raja de Casablanca, et un notaire renommé, cette affaire a suscité un vif intérêt dans les médias et parmi l’opinion publique.
Dans la nuit du vendredi au samedi 14 décembre, le tribunal a condamné A. Boudrika et le notaire à six ans de prison ferme pour leur rôle dans une vaste opération de falsification de documents. L’affaire concerne un bien immobilier situé à Tit Mellil, inscrit sous le registre foncier n° 49/11384 et connu sous le nom de « Blad Hada ».
La même peine a été infligée à Batoul, fille adoptive de la propriétaire décédée, et à un courtier, A. Selsouli. Un autre agent immobilier, B. Alami, a quant à lui écopé de trois mois de prison ferme. Cependant, l’agent immobilier El Karouani, accusé d’avoir présenté une fausse héritière pour revendiquer la propriété du terrain, a été acquitté faute de preuves suffisantes.
Cette affaire a débuté suite à une plainte déposée par l’héritière légitime d’une défunte, accusant les prévenus d’avoir falsifié des documents officiels afin de s’emparer du terrain familial. L’enquête a révélé que plusieurs individus, dont le frère cadet de Mohamed Boudrika et le notaire, avaient orchestré une fraude complexe, impliquant l’usage de faux documents et la manipulation d’une personne âgée pour se faire passer pour la propriétaire du terrain.
Le scandale a pris une tournure dramatique avec l’arrestation d’A. Boudrika et du notaire à l’aéroport Mohammed V de Casablanca alors qu’ils tentaient de quitter le pays. Par ailleurs, une femme âgée, impliquée dans la fraude, est décédée au cours de l’affaire, ajoutant une dimension tragique à ce dossier.
Au cours des audiences, les prévenus ont nié toute implication. A. Boudrika a déclaré ne pas connaître les autres accusés, tandis que Batoul a affirmé n’avoir participé à aucune manœuvre frauduleuse. Cependant, le tribunal a conclu à leur culpabilité pour falsification et utilisation de documents officiels en vertu du Code pénal marocain.
Le notaire, pour sa part, a été reconnu coupable d’avoir falsifié et utilisé des documents, notamment un contrat de vente final, et d’avoir dissimulé des preuves cruciales.
Ce procès met en lumière les failles du système foncier marocain, souvent sujet à des abus et à des manipulations frauduleuses. Il rappelle également la nécessité d’une vigilance accrue dans le secteur immobilier et d’un renforcement des mesures pour protéger les droits des propriétaires.
Ce verdict marque une étape importante dans la lutte contre la fraude immobilière au Maroc. Cependant, il soulève également des questions sur la responsabilité des institutions et la prévention de telles pratiques à l’avenir.