La crise actuelle en mer Rouge, exacerbée par les attaques des Houthis, a provoqué des perturbations majeures dans le marché mondial du pétrole, avec des répercussions susceptibles d’atteindre les consommateurs marocains. Les grandes compagnies pétrolières telles que British Petroleum et Shell ont choisi des itinéraires alternatifs, contournant le détroit de Bab al-Mandeb pour éviter les attaques, ce qui a entraîné une diminution significative du nombre de pétroliers transitant par le Canal de Suez.
Selon les données maritimes d’AXSMarine, le nombre de pétroliers dans le canal a chuté de plus de 50% depuis mi-janvier. Les compagnies ont opté pour un itinéraire plus long de 6 500 km par le cap de Bonne-Éspérance, rallongeant les délais de livraison de 7 à 14 jours. Cette décision a eu pour effet immédiat une augmentation des coûts logistiques, contribuant à une hausse des prix du pétrole dépassant les 80 dollars le baril.
Les experts, dont Fitch Ratings, soulignent que le risque géopolitique accru, associé aux perturbations du transport maritime, maintiendra la pression à la hausse sur les prix du pétrole. Le Maroc, en tant qu’importateur net de carburants, n’échappera pas à ces conséquences. Mostafa Labrak, directeur général d’Energysium Consulting, prévoit une hausse inévitable d’environ 40 centimes par litre sur le diesel et l’essence au cours de la première quinzaine de février. Cette augmentation pourrait se poursuivre si les conflits au Moyen-Orient persistent.
Labrak souligne la sensibilité des prix des produits pétroliers aux crises géopolitiques, notant que malgré les interventions américaines, les Houthis continuent de défier les flottes américaines et britanniques. Cela souligne l’incertitude entourant la situation actuelle en mer Rouge et ses implications sur les marchés mondiaux du pétrole.
Bien que la route du canal de Suez représente une part importante des importations en produits pétroliers de l’Europe et de la région MENA, Labrak estime que le contournement actuel n’aura pas un impact significatif sur les approvisionnements du Maroc. Les sources d’approvisionnement classiques proviennent du marché européen, avec des pays tels que l’Espagne, l’Italie, le Portugal, les Pays-Bas et parfois les États-Unis, et rarement de l’Inde, assurant la stabilité des approvisionnements en produits pétroliers pour le pays.