L’eurodéputée française Rima Hassan, élue sous l’étiquette de La France Insoumise (LFI), a été interdite d’entrée sur le territoire israélien, lundi 24 février 2025, à son arrivée à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. Selon les autorités israéliennes, cette décision est motivée par ses positions politiques et son soutien présumé aux boycotts contre Israël.
Rima Hassan, née en Syrie de parents palestiniens réfugiés, était membre d’une délégation officielle de parlementaires européens devant se rendre dans les territoires palestiniens occupés. L’objectif de cette mission était d’évaluer la situation humanitaire à Gaza et en Cisjordanie, et de rencontrer des représentants de l’Autorité palestinienne ainsi que des organisations locales de défense des droits humains.
Dès son arrivée à Tel-Aviv, les autorités israéliennes l’ont empêchée de passer le contrôle des frontières et lui ont notifié son refoulement immédiat vers Bruxelles. Le ministre israélien de l’Intérieur, Moshe Arbel, a justifié cette décision en déclarant :
« Nous ne permettons pas l’entrée sur notre territoire à ceux qui œuvrent contre l’État d’Israël et soutiennent des initiatives hostiles, notamment les boycotts. »
Cette mesure a été prise en collaboration avec le ministère des Affaires de la Diaspora, qui surveille les figures politiques et militantes jugées hostiles à Israël.
À peine informée de cette interdiction, Rima Hassan a dénoncé une décision arbitraire et une attaque contre la diplomatie européenne. Sur son compte X (ex-Twitter), elle a déclaré :
« Israël m’interdit l’entrée sur son territoire alors que je faisais partie d’une délégation officielle du Parlement européen. Cette décision illustre le mépris total du gouvernement israélien pour les institutions démocratiques européennes et pour les droits fondamentaux du peuple palestinien. »
LFI et plusieurs figures de la gauche française ont vivement réagi à cette interdiction. Jean-Luc Mélenchon, leader du mouvement, a condamné une « atteinte grave aux relations diplomatiques entre Israël et l’Union européenne », tandis que la députée Manon Aubry a dénoncé une « censure politique inacceptable ».
Ce refoulement intervient dans un contexte de tensions accrues entre Israël et l’Union européenne, notamment en raison des critiques croissantes sur la guerre menée par Israël à Gaza. Plusieurs parlementaires européens, y compris des élus français, ont récemment pris position en faveur de sanctions contre le gouvernement israélien et de restrictions sur les importations des colonies en Cisjordanie.
Israël applique régulièrement des interdictions d’entrée contre des personnalités politiques et militantes qu’il considère comme hostiles. En 2017, les autorités israéliennes avaient déjà refusé l’entrée à plusieurs députés européens favorables à la cause palestinienne, et en 2019, la députée américaine Ilhan Omar s’était également vu interdire l’accès au pays.
Rima Hassan est une figure très engagée sur la question palestinienne. Ancienne avocate spécialisée en droit international et droits des réfugiés, elle a été élue au Parlement européen en juin 2024 sur la liste de LFI. Depuis, elle n’a cessé de dénoncer les exactions israéliennes à Gaza et en Cisjordanie, plaidant pour une suspension des accords commerciaux entre l’UE et Israël.
Cependant, ses prises de position lui ont également valu de vives critiques. Elle a été récemment convoquée par la police française pour des propos controversés sur la guerre à Gaza, certains l’accusant même d’apologie du terrorisme. Ses détracteurs estiment qu’elle tient un discours trop radical, tandis que ses partisans dénoncent une tentative de criminalisation de la solidarité avec les Palestiniens.
L’interdiction faite à Rima Hassan d’entrer en Israël pourrait accentuer les tensions entre Bruxelles et Tel-Aviv. Plusieurs eurodéputés demandent déjà des explications aux autorités israéliennes, et des appels à des sanctions diplomatiques commencent à émerger au sein des institutions européennes.
L’issue de cette affaire dépendra en grande partie de la réaction de la Commission européenne et de la diplomatie française. Une chose est certaine : ce nouvel épisode vient encore renforcer le climat de défiance entre Israël et une partie de la classe politique européenne.