Une délégation saoudienne de haut rang s’est rendue à Damas pour rencontrer Ahmad al-Chareh, le nouveau dirigeant syrien, selon une source proche du gouvernement, qui l’a annoncé à l’AFP lundi. Cette rencontre, tenue dimanche, constitue le premier contact officiel entre le gouvernement saoudien et la nouvelle administration syrienne, marquant un moment significatif dans les relations régionales.
Cet échange intervient dans un climat de changement majeur en Syrie. Deux semaines auparavant, la coalition rebelle menée par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe islamiste radical, a renversé le régime de Bachar al-Assad après une offensive éclair qui leur a permis de prendre le contrôle d’une grande partie du pays en seulement onze jours.
L’Arabie saoudite, qui avait appelé début décembre à des efforts concertés pour éviter que la Syrie sombre dans le chaos, semble désormais chercher des solutions pragmatiques face à cette nouvelle réalité politique.
La délégation saoudienne a notamment discuté avec Ahmad al-Chareh de la situation en Syrie, en mettant l’accent sur l’éradication du commerce illégal du « captagon », une drogue largement produite sous l’ancien régime et qui avait fait de la Syrie un narco-État. L’Arabie saoudite, principal marché pour cette amphétamine, semble vouloir instaurer un dialogue visant à endiguer ce fléau.
Le renversement de Bachar al-Assad met fin à des années de politique répressive et de guerre civile, mais soulève des interrogations quant à la stabilité du pays. Malgré son retour au sein de la Ligue arabe en mai 2023, la Syrie doit désormais composer avec un leadership issu de HTS, anciennement affilié à Al-Qaïda et toujours classé comme organisation terroriste par plusieurs puissances occidentales.
Cette visite saoudienne reflète une approche mesurée visant à maintenir une certaine influence en Syrie tout en évitant un effondrement complet du pays. La réouverture de la mission diplomatique saoudienne à Damas en 2023 avait marqué un premier pas vers un rapprochement, mais le renversement du régime d’Assad redéfinit les enjeux diplomatiques.
L’avenir de la Syrie sous Ahmad al-Chareh reste incertain. La communauté internationale surveille de près les actions de cette nouvelle administration, notamment sur la gestion des armes et la tenue d’un dialogue national inclusif.
Ce développement souligne l’importance des efforts régionaux pour éviter que la Syrie ne sombre à nouveau dans une spirale de violence et de division.