Le système d’alerte européen RASFF (Rapid Alert System for Food and Feed) a récemment émis une alerte sanitaire concernant des poivrons marocains importés en Espagne. Ces poivrons présentaient des niveaux élevés de deux pesticides : le chlorpyrifos et le fénazaquin. Cette alerte a été lancée le 4 juin, suite à des analyses révélant des teneurs en résidus de pesticides bien au-delà des seuils réglementaires.
Les résultats des analyses ont montré que les poivrons contenaient 0,022 ± 0,011 mg/kg de fénazaquin, alors que la limite maximale autorisée est de 0,010 mg/kg. De même, la teneur en chlorpyrifos a été mesurée à 0,21 ± 0,105 mg/kg, dépassant également la limite fixée à 0,010 mg/kg. Ces niveaux élevés représentent un risque grave pour la santé humaine.
Selon l’Agence du registre des substances toxiques et des maladies des États-Unis, l’exposition au chlorpyrifos, que ce soit par inhalation ou ingestion, peut entraîner divers effets néfastes sur le système nerveux. Les symptômes peuvent varier de maux de tête et vision floue à des convulsions, un coma, voire la mort, en fonction de la quantité et de la durée de l’exposition.
Les produits contaminés ont été immédiatement saisis et refoulés par les douanes espagnoles. Cette alerte intervient peu de temps après le rappel de melons charentais marocains en France pour des raisons similaires. Les alertes sanitaires concernant les produits agricoles marocains se sont multipliées ces derniers mois, principalement en raison de la présence de pesticides.
Bouazza Kherrati, président de l’Association marocaine des droits des consommateurs, exprime des réserves quant à ces alertes. Il affirme que le système RASFF est défaillant et suggère que ces mesures pourraient être utilisées comme une « arme commerciale » pour freiner les exportations des pays tiers. Il ajoute que les efforts pour clarifier ces affaires de contamination aux pesticides sont en cours depuis 2012, impliquant séminaires et rencontres avec les agriculteurs pour sensibiliser sur l’impact des pesticides sur la santé humaine.
Kherrati déplore également l’impact économique de ces alertes sur le secteur exportateur marocain, soulignant que la production agricole marocaine est souvent la première à être livrée sur les marchés européens. Le temps nécessaire pour mener des contre-expertises est suffisant pour causer des pertes significatives pendant une saison agricole.
Pour réduire les risques liés à la consommation de produits agricoles traités avec des pesticides, il est recommandé de procéder à plusieurs lavages à l’eau avec du bicarbonate. Cependant, il convient de noter que certaines substances peuvent pénétrer la chair du fruit ou du légume et résister aux tentatives de lavage.
Cette récente alerte souligne la nécessité d’une vigilance accrue concernant l’utilisation de pesticides dans l’agriculture. Elle met également en lumière les tensions commerciales et les défis auxquels sont confrontés les exportateurs de produits agricoles. Les consommateurs, quant à eux, doivent rester informés et prendre des précautions pour minimiser les risques sanitaires associés à la consommation de ces produits.