L’Autriche est en deuil. Ce mardi matin, une fusillade d’une violence inédite a secoué la ville de Graz, capitale de la région de Styrie, causant la mort de dix personnes, dont sept élèves, deux membres du personnel éducatif, et le tireur présumé, un ancien élève de l’établissement. Douze autres personnes ont été blessées, certaines grièvement. Le pays tout entier est sous le choc face à cette attaque survenue dans un lycée public réputé, le BORG Dreierschützengasse.
Les faits : une attaque fulgurante
Selon les autorités locales, l’attaque s’est produite vers 10 heures du matin, en plein milieu des cours. Le suspect, un ancien élève de 21 ans, est entré dans l’établissement armé d’un fusil de chasse semi-automatique et d’un pistolet. Il aurait tiré de manière indiscriminée dans plusieurs salles de classe et couloirs, semant la panique parmi les élèves et le personnel.
Les forces de l’ordre sont intervenues en moins de 20 minutes, déclenchant immédiatement l’évacuation des élèves, professeurs et membres du personnel. À leur arrivée, les policiers ont découvert le corps du tireur dans les toilettes de l’établissement, apparemment mort par suicide.
Un ancien élève isolé
Le tireur a été identifié comme Markus S., un ancien étudiant du lycée, sans antécédents judiciaires. Selon des sources proches de l’enquête, il aurait laissé une lettre d’adieu dans laquelle il exprimait un profond sentiment de solitude, de rancune envers certains enseignants et élèves, et une perception d’avoir été harcelé durant sa scolarité.
Il était détenteur légal de ses armes, qu’il avait récemment acquises, dont une seulement quelques jours avant la fusillade. Ce fait soulève de vives critiques à l’encontre du système autrichien de régulation des armes à feu.
Le bilan humain
Le ministre de l’Intérieur a confirmé que le bilan s’élevait à 10 morts, dont 7 élèves âgés de 15 à 17 ans, une enseignante de langues et un surveillant. Parmi les 12 blessés, certains sont en état critique, hospitalisés dans divers établissements de Graz.
Le lycée BORG Dreierschützengasse, fréquenté par environ 700 élèves, est l’un des plus réputés de la région. Il proposait des filières à dominante artistique et scientifique.
Une nation en deuil
Le chancelier Christian Stocker a pris la parole dans l’après-midi, qualifiant la fusillade de « tragédie nationale sans précédent ». Il a décrété trois jours de deuil national et ordonné la mise en berne de tous les drapeaux sur les bâtiments publics.
« L’école doit rester un lieu de savoir, de paix et de sécurité. Ce qui s’est passé aujourd’hui est une attaque contre notre jeunesse et notre avenir », a-t-il déclaré, les larmes aux yeux.
Le président Alexander Van der Bellen s’est rendu à Graz dans la soirée, où il a rencontré les familles des victimes et les équipes de secours. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également exprimé sa solidarité avec le peuple autrichien.
Enquête en cours et remises en question
L’enquête, menée par les services fédéraux de sécurité, vise à reconstituer précisément le déroulement des faits et à identifier d’éventuels signaux d’alerte. Le parquet de Styrie examine notamment :
- les conditions d’obtention des armes,
- le passé scolaire et psychiatrique du suspect,
- la possible existence de complicités ou d’alertes ignorées.
Plusieurs voix politiques et médiatiques réclament déjà un renforcement urgent du contrôle des armes à feu, ainsi qu’un accompagnement psychologique renforcé dans les établissements scolaires.
Une onde de choc au-delà des frontières
La fusillade a eu un retentissement international. Des messages de soutien ont afflué d’Allemagne, de France, d’Italie et même du Vatican. Des rassemblements spontanés ont été organisés dans plusieurs villes autrichiennes, notamment à Vienne, Linz et Salzbourg.
Témoignages poignants
Léna, 16 ans, élève de première, raconte :
« On a entendu des cris, puis des coups de feu. On s’est cachés sous les tables. Je n’arrive toujours pas à croire que certains de mes amis ne rentreront jamais à la maison. »
Un professeur, sous couvert d’anonymat, a confié :
« Ce garçon avait été discret, parfois mal à l’aise, mais jamais agressif. Personne ne s’attendait à cela. »
La fusillade du lycée de Graz restera comme l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire contemporaine autrichienne. Au-delà de l’émotion, elle pose des questions de fond sur le rôle de l’école, la santé mentale des jeunes, la prévention du harcèlement, et la régulation des armes.